La chasse aux frelons (asiatiques) est ouverte.

Chaussy, mardi 30 octobre 29018 – 08:00

Il fait frais, très frais, et très humide ce mardi matin. Depuis quelques jours, les journées ensoleillées de cet incroyable automne 2018 ont quittées nos contrées, remplacées par de sombres cieux, gris et froids. Avec le froid, les arbres se sont dépouillés, laissant apparaître leurs ramures… et avec elle, de curieuses constructions, jusqu’alors jamais vues dans nos villages. De la taille d’un ballon de foot jusqu’à celle d’un sac de pomme de terre de 50 kg (les plus agés de nos lecteurs se souviendront), couleur de feuille d’automne, les nids, car c’est bien de nids dont il s’agit, se balancent doucement dans le vent. Des nids de frelons, asiatiques. A Chaussy, cette année, 6 de ces nids ont été signalés, dont de très imposants près du lavoir ou sur la route de Chérence à Chaud Soleil.

Nid principal de Vespa Vetulina. Ils peuvent mesurer 80 cm dans leur hauteur.
Chaque nid compte plusieurs milliers d’individus.

Les frelons asiatiques, Vespa Vetulina pour les intimes, construisent large et voient grand. Certains nids peuvent contenir jusqu’à 10000 individus. Redoutables prédateurs d’insectes et tout particulièrement d’abeilles, dont ils tuent les colonies en les harcelant tout au long de la journée, ils sont plutôt inoffensifs quand ils chassent esseulés. Mais gare à celui qui s’approche du nid. L’attaque est foudroyante, menée par des centaines d’insectes, dont le dard de 6 mm transperce les vêtements et inflige de douloureuses piqûres, mortelles si elles sont répétées plusieurs fois au visage ou à la bouche… Se retrouver face à un nid par inadvertance est heureusement rare (les nids sont le plus souvent à 20 ou 30  mètres en hauteur, à la cime des arbres. Mais il n’est pas exclu d’en trouver dans des haies, sous des tuiles, voire entre une fenêtre et un volet…

Un véritable avion de chasse, super adapté à son milieu, pratiquement sans prédateur.

La communauté de commune (CCVVS) fait dorénavant intervenir un spécialiste afin de se débarrasser de ces dangereux indésirables en prenant en charge les frais d’interventions, quelque soit l’emplacement du nid (domaine public ou privé).
Les frelons meurent tous pendant l’hiver. Seules les fondatrices, frelons femelles fécondées, iront se cacher du froid pour recréer de nouvelles colonies l’an prochain. Détruire les nids le plus tôt possible dans la saison permet de se prémunir un peu de l’invasion à laquelle nous assistons, impuissants, depuis des années (les frelons asiatiques sont arrivées en Europe il y a 25 ans…), participant à l’affaiblissement des colonies d’abeilles qui succombent aux hivers de nos régions (30% de colonies éradiquées pour le seul hiver 2017-2018 en France). De 300 nids déclarés en 2017, 2018 a fait l’objet de plus de 600 interventions. Au rythme ou vont les choses, on parle de milliers de nids dans le Val d’Oise dans les années à venir.

Jérémy Feuillet à l’oeuvre

C’est ainsi que nous nous retrouvons, tôt le matin, à accompagner Jérémy Feuillet, apiculteur à Aincourt et spécialiste des insectes de nos régions, intervenir sur les nids de Chaussy.

Tout d’abord, repérer les nids. Ce n’est pas chose facile… Cachés au sein de la ramure, le plus souvent au plus haut de l’arbre (peupliers, marronniers etc.), les nids de frelons sont très doués pour se placer dans des endroits difficiles d’accès et souvent peu détectables.
Armé de sa perche (qui peut aller jusqu’à 30 mètres), Jérémy commence sa journée par un petit nid perché dans un marronnier. Il est bien difficile à voir quand on est en dessous de l’arbre. Malgré cela, il parviendra à injecter de l’insecticide dans le nid. Ici, le nid est petit. Il injecte du pyrètre, insecticide naturel dont la rémanence ne dure pas plus de 48 heures. Deux jours plus tard, il faudra revenir pour retirer le nid et les insectes morts afin que les oiseaux ne s’en nourrissent pas. Ainsi se déroulera la journée, alternant traitement des nids de frelons et recherche de voies d’accès à ces nids.

L’enseignement principal de cette journée c’est que le cycle des frelons asiatiques impose de réaliser des interventions d’éradication le plus tôt possible dans la saison, pour éviter que les fondatrices n’aient déjà quitté le nid et soient  en diapause cachées sous des tuiles ou autres abris pour passer l’hiver.

Un nid typique de frelons asiatiques…

Vous pouvez aider : la collaboration de tous est essentielle. Regarder dans la cime des arbres, détecter et signaler en mairie un nid de frelons tôt dans la saison, c’est s’assurer que l’année suivante sera moins envahie. 

Merci d’avance

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